Suite à mon récent essai : « Femmes Violentées ou Aimées », j »entame la rédaction d’un nouvel ouvrage : « LES INÉGALES ». (Un ouvrage collectif avec des avis de femmes ne serait-ce que parce que je suis un homme). Ce sujet sur « l’effet Mathilda », qui représente un phénomène qui veut que les femmes de science ne bénéficient que très peu des retombées de leurs découvertes. Quand elles ne voient pas tout simplement le prix Nobel leur échapper. Parmi elles, Rosalind Franklin, la découvreuse de l’ADN.
L’effet Mathilda
Il constitue un déni, la spoliation ou la minimisation récurrente et systémique de la contribution des femmes à la recherche scientifique. Dont le travail et les résultats sont souvent attribués à leurs collègues masculins.
Cet effet, désigne un biais systémique qui consiste à minimiser ou ignorer les contributions scientifiques et intellectuelles des femmes.
Ce terme a été inventé par Margaret W. Rossiter, historienne des sciences, en 1993. En hommage à la militante féministe américaine Mathilda Joslyn Gage (1826-1898). Gage a été l’une des premières à dénoncer la tendance à ignorer les réalisations des femmes dans l’histoire et la société.
Ce phénomène de minimisation ne se limite pas à l’appropriation de travaux de chercheuses par des hommes. Il se retrouve en cas de découvertes simultanées, où le seul nom retenu est bien souvent celui du découvreur masculin.
Il peut commencer bien en amont, avec l’omission de femmes scientifiques dans les annuaires ou compilations de biographies de scientifiques. Dont bien souvent les titres excluaient les femmes. Rossiter constate qu’aux États-Unis, pour des ouvrages majeurs, on n’y parle pas de « scientifiques », mais d’« hommes de sciences ».
Principe de l’effet Mathilda
L’effet Mathilda repose sur une dynamique d’invisibilisation des femmes dans les sciences. Les chercheurs masculins reçoivent, par un biais de genre, la reconnaissance. Ou les récompenses pour des travaux auxquels des femmes ont également ou exclusivement contribué. Cet effet entraîne une double injustice :
- Il prive les femmes de la reconnaissance et des opportunités qu’elles méritent pour leurs contributions.
- Il renforce le stéréotype de la « masculinité » des disciplines scientifiques, décourageant ainsi des vocations féminines.
Cet effet peut être rapproché de l’effet Matthieu (du nom de l’apôtre Matthieu dans le Nouveau Testament). Un concept formulé par le sociologue Robert K. Merton, qui décrit comment les contributions des scientifiques renommés sont davantage reconnues, parfois au détriment de chercheurs moins célèbres.
Exemples célèbres de l’effet Mathilda
Voici quelques exemples emblématiques d’effets Mathilda dans l’histoire des sciences :
- Rosalind Franklin. Son travail sur la diffraction des rayons X a été essentiel pour la découverte de la structure de l’ADN. Pourtant, ce sont James Watson, Francis Crick et Maurice Wilkins qui ont reçu le prix Nobel en 1962 pour cette découverte. Sans mentionner Franklin, qui est pourtant décédée quatre ans avant la remise du prix.
- Lise Meitner. Physicienne autrichienne d’origine juive, elle a codécouvert la fission nucléaire avec Otto Hahn. Alors qu’Hahn a reçu seul le prix Nobel de chimie en 1944, Meitner a été largement oubliée, malgré son apport théorique indispensable.
- Jocelyn Bell Burnell. En 1967, cette astrophysicienne britannique a découvert les pulsars, des étoiles à neutrons qui émettent des signaux radio périodiques. Toutefois. C’est son directeur de thèse, Antony Hewish, qui a reçu le prix Nobel en 1974, sans que Bell Burnell ne soit citée.
- Nettie Stevens. Généticienne américaine, elle a découvert le rôle des chromosomes dans la détermination du sexe. Bien que ses travaux aient été fondamentaux pour comprendre la génétique, le crédit a majoritairement été donné à Thomas Hunt Morgan.
D’autres exemples
- Esther Lederberg. Microbiologiste et généticienne américaine, elle a découvert le virus lambda et a développé des techniques essentielles pour la génétique microbienne. Comme la réplication sur boîte de Pétri. Cependant, la reconnaissance a principalement été attribuée à son mari, Joshua Lederberg, qui a reçu le prix Nobel en 1958, sans qu’Esther ne soit mentionnée.
- Chien-Shiung Wu. Physicienne sino-américaine spécialisée en physique nucléaire. Wu a réalisé des expériences qui ont infirmé la loi de parité, une découverte révolutionnaire. Bien que ses collègues masculins, Tsung-Dao Lee et Chen Ning Yang, aient reçu le prix Nobel en 1957. Pour cette avancée théorique, Wu n’a pas été reconnue.
- Henrietta Leavitt. Astronome américaine, elle a découvert la relation entre la luminosité et la période des étoiles variables (les céphéides). Qui a permis de mesurer les distances dans l’Univers. Cette découverte fut fondamentale pour qu’Edwin Hubble établisse l’expansion de l’Univers, mais Leavitt n’a jamais été pleinement reconnue pour son travail.
Et encore d’autres cas
- Esther Lederberg : Microbiologiste et généticienne américaine, elle a découvert le virus lambda. Elle a développé des techniques essentielles pour la génétique microbienne, comme la réplication sur boîte de Pétri. Cependant, la reconnaissance a principalement été attribuée à son mari, Joshua Lederberg, qui a reçu le prix Nobel en 1958, sans qu’Esther ne soit mentionnée.
- Mileva Maric. Physicienne et mathématicienne serbe, Maric était la première femme d’Albert Einstein. Certains historiens des sciences estiment que ses travaux mathématiques ont contribué aux premières théories de son mari. Bien qu’elle n’ait jamais été créditée officiellement pour ses apports.
- Henrietta Leavitt : Astronome américaine, elle a découvert la relation entre la luminosité et la période des étoiles variables (les céphéides), qui a permis de mesurer les distances dans l’Univers. Cette découverte fut fondamentale pour qu’Edwin Hubble établisse l’expansion de l’Univers. Leavitt n’a jamais été pleinement reconnue pour son travail.
Ces exemples montrent à quel point l’effet Mathilda a pu pénaliser les carrières de femmes talentueuses. Et influencer la façon dont l’histoire des sciences est écrite. Heureusement, ces contributions commencent à être mieux reconnues aujourd’hui, avec des initiatives pour réhabiliter leur mémoire et valoriser les rôles des femmes dans les découvertes scientifiques.
Des exemples en France
- Sophie Germain (1776-1831). Mathématicienne autodidacte et pionnière de la théorie des nombres et de l’élasticité. Elle a travaillé sous pseudonyme masculin pour pouvoir échanger avec des chercheurs de renom, dont Joseph Fourier et Carl Friedrich Gauss. Malgré ses contributions, notamment aux équations de vibrations des surfaces élastiques, elle n’a pas été pleinement reconnue de son vivant. Ses travaux ont souvent été publiés sous d’autres noms. Elle n’a jamais pu intégrer l’Académie des sciences en raison de son genre.
- Marthe Gautier (1925-2022). Médecin et chercheuse en cytogénétique. Ellea contribué à la découverte de l’anomalie chromosomique responsable de la trisomie 21. Elle a isolé la configuration chromosomique anormale en préparant les cellules et en observant les chromosomes sous microscope. Cependant, la découverte fut majoritairement attribuée à Jérôme Lejeune, son supérieur, et elle est restée dans l’ombre pendant des décennies avant que son rôle ne soit partiellement reconnu.
- Irène Joliot-Curie (1897-1956).Physicienne et chimiste, fille de Marie Curie, elle a codécouvert la radioactivité artificielle avec son mari, Frédéric Joliot-Curie. Ce qui leur a valu le prix Nobel de chimie en 1935. Cependant, Irène a longtemps été perçue comme une assistante de son mari dans le public et les médias. Bien que leur prix ait été partagé, le travail d’Irène a souvent été minimisé au profit de celui de Frédéric. Notamment dans les sphères académiques et médiatiques.
D’autres « victimes » Françaises
4. Marguerite Perey (1909-1975). Élève de Marie Curie, cette chimiste a découvert le francium en 1939. Malgré cette découverte capitale, Perey a eu du mal à obtenir une reconnaissance institutionnelle. Elle a dû surmonter des obstacles pour se faire un nom. Elle n’a finalement été élue à l’Académie des sciences qu’en 1962. Devenant la première femme admise dans cette institution plus de 60 ans après la création de celle-ci.
5. Marguerite Lwoff (1905-1979). Biologiste et virologue, elle a travaillé en collaboration étroite avec son mari. André Lwoff, lauréat du prix Nobel de médecine en 1965 pour ses travaux sur les mécanismes d’induction de la lysogénie. Le rôle de Marguerite dans cette recherche fut largement sous-estimé, et elle n’a jamais reçu la reconnaissance qu’elle méritait.
6. Claudine Hermann (1945-2021). Physicienne, Hermann a été l’une des premières à alerter sur les discriminations et le manque de reconnaissance des femmes dans la recherche scientifique. Elle a mené de nombreuses études sur les biais systémiques dans les carrières académiques. Elle a œuvré pour la création d’associations de femmes scientifiques, notamment l’association Femmes et Sciences, pour contrer ces discriminations.
En résumé
Ces exemples illustrent le fait que, le travail des femmes dans le domaine scientifique a longtemps été sous-estimé ou marginalisé. Cependant, leurs contributions commencent à être davantage reconnues aujourd’hui, grâce aux efforts de recherche en histoire des sciences. Et aux initiatives pour valoriser la place des femmes dans la science.
Ils montrent aussi à quel point l’effet Mathilda a pu pénaliser les carrières de femmes talentueuses. Et influencer la façon dont l’histoire des sciences est écrite. Heureusement, ces contributions commencent à être mieux reconnues aujourd’hui. Avec des initiatives pour réhabiliter leur mémoire et valoriser les rôles des femmes dans les découvertes scientifiques.
Résultats et répercussions
Les études sur l’effet Mathilda ont révélé des tendances persistantes d’invisibilisation des contributions féminines dans les publications, les brevets, et les distinctions académiques. Cela a des répercussions importantes pour l’égalité dans les carrières scientifiques. Notamment en limitant l’accès des femmes aux financements et en leur fermant les portes des postes prestigieux et des comités
Commentaires récents