L’Algérie depuis l’indépendance, s’est construite sur la vengeance et sur une rente mémorielle envers la France.
Les massacres d’Européens à Oran, (après la signatures des accords d’Évian)
- Le matin du 5 juillet 1962, à lieu pour célébrer l’indépendance, dans la ville d’Oran, se déroule des manifestations festives. Lorsque des groupes armés algériens attaquent des civils européens.
- Les massacres. Des Européens (hommes, femmes, enfants) seront enlevés, battus, torturés et tués. Certains rapports mentionnent également des exécutions sommaires aussi bien dans les rues que dans des lieux isolés (bâtiments administratifs).
- Bilan humain. Les chiffres exacts sont débattus. Les estimations estiment à 700 morts ou disparus parmi les civils européens. Bien que des sources avancent des chiffres de plusieurs milliers. Il est difficile d’obtenir un décompte précis en raison du chaos et de l’absence d’enquête exhaustive.
- Les victimes ont été confrontées à des violences extrêmes, notamment des enlèvements, des passages à tabac, des mutilations, des viols et des exécutions sommaires. Certains ont été emmenés vers des lieux comme le commissariat central, où ils subirent d’atroces sévices.
Les responsabilités de ces massacres :
- Des groupes impliqués : Les attaques ont été menées par des Algériens, principalement des civils et par des groupes armés locaux liés à l’indépendance. Ces violences étaient souvent motivées par un désir de vengeance ou de représailles pour raisons personnelles plus qu’après des souffrances de la guerre.
- Rôle du FLN. Bien que majoritaire dans le mouvement d’indépendance, celui-ci semble avoir été dépassé par la situation. Il n’a pas directement organisé ces massacres, mais son contrôle sur certaines zones et groupes armés était limité à ce moment.
Absence de réaction de l’armée française :
- L’armée française, (environ 20 000 appelés), encore présente en Algérie en vertu des accords d’Évian, et encore stationnée à Oran. Toutefois, elle avait reçu des ordres stricts de non-intervention de la part des autorités françaises, soucieuses de ne pas raviver les tensions avec les nouvelles autorités algériennes.
- Les soldats français ont donc observé depuis leur casernement les massacres sans intervenir. Voire, ils ont empêché des européens de se réfugier dans leurs casernes, suscitant une vive polémique par la suite. Beaucoup de rescapés européens et leurs descendants reprochent à l’armée française son inaction d’alors.
Causes principales des exactions
- Des rancunes historiques. Après plus d’un siècle de colonisation et huit années de guerre, de nombreux Algériens ressentaient un profond ressentiment envers les Européens. Perçus alors comme des oppresseurs.
- Effondrement de l’autorité. À l’indépendance, le vide politique et sécuritaire dans certaines villes, dont Oran, a favorisé des actes de violence incontrôlés.
- Règlements de comptes locaux et personnels. Les massacres ont également été alimentés par des conflits interpersonnels ou communautaires exacerbés par la guerre et par la rancoeur.
Conséquences de cette indépendance
- Exode massif. Ces massacres ont accéléré le départ des Européens d’Algérie (environ 800 000). La grande majorité des Pieds-Noirs ont quitté le pays dans les semaines et mois suivants, souvent dans des conditions précipitées. Alors que leur sécurité en Algérie leurs avait été garantie par les accords d’Évian.
- Mémoire divisée. Cet événement reste un sujet douloureux et controversé, avec des perceptions très divergentes entre la France et l’Algérie.
- Débat sur la responsabilité française : L’inaction de l’armée française a été largement critiquée, mais elle est aussi le reflet de la politique de décolonisation menée à l’époque accompagné de multiples repentances.
Perspectives actuelles après l’indépendance
Le massacre d’Oran du 5 juillet 1962 est souvent évoqué dans les discussions sur la mémoire de la guerre d’Algérie et les relations franco-algériennes. Certains appellent à une reconnaissance officielle et des efforts de réconciliation, mais cela reste difficile en raison de sensibilités persistantes des deux côtés.
Des récits des témoins oculaires offrent une perspective poignante sur les événements tragiques de cette journée.
Réactions les non-réactions des autorités algériennes aux exactions
Les autorités algériennes de l’époque ont été critiquées pour leur gestion des événements :
- Le Couvre-feu signé seulement 15 heures, ce couvre-feu a été instauré dans le centre-ville par les nouvelles autorités algériennes. Cependant, cette mesure n’a pas suffi à rétablir l’ordre immédiatement.
- Une reconnaissance officielle : Pendant de nombreuses années, les massacres d’Oran resteront un sujet sensible. Avec très peu de reconnaissance officielle de la part des autorités algériennes.
On pourrait aussi parler du peuple Kabyle encore maltraité aujourd’hui par les autorités d’Alger. Comme la France, il sert d’alibi mémoriel pour maintenir sa main mise sur son peuple.
Nombre d’Algériens tués par le FLN après l’indépendance et par le FIS dans les années 90
- Après l’indépendance en 1962, l’Algérie a connu une période de guerre civile. Le nombre exact de décès causés par le FLN (Front de libération nationale) après l’indépendance n’est pas précisément déterminé mais est estimé à plusieurs milliers.
- Dès la célébration de l’indépendance, malgré des clauses de protection (de « pardon ») inclus dans les accords d’Évian. Environ 100 000 « supplétifs » Algériens pro Français (abandonnés sur place) – Les harkis. Ils seront exécutés après avoir été souvent atrocement torturés : (enterrés vivants, émasculés, brûles vifs…)
- Dans les années 1990, lors de la guerre civile opposant le gouvernement algérien au FIS (Front islamique du salut) et à d’autres groupes, des dizaines de milliers d’Algériens ont perdu la vie, principalement des civils.
Ces données historiques expliquent l’évolution démographique, économique et politique de l’Algérie à travers les décennies clés de son indépendance.
Les femmes dans la nouvelle Algérie
Depuis l’indépendance en 1962, le statut de la femme algérienne a connu des avancées et des reculs, oscillant entre modernisation, pression sociale et conservatisme religieux. L’évolution de leurs droits a été influencée par les politiques gouvernementales, la montée de l’islamisme et les luttes féministes.
La période post-indépendance (1962-1984) :
Un rôle essentiel mais toujours mise à l’écart politique :
Contribution des femmes à la guerre d’indépendance
- Les femmes algériennes ont joué un rôle important dans la guerre contre la France, notamment comme combattantes (« moudjahidates »), infirmières, messagères ou militantes ;
- Après l’indépendance, elles espèrent un meilleur statut juridique et social en reconnaissance de leur engagement ;
Le retour du patriarcat après l’indépendance
- Malgré leur rôle dans la guerre, les femmes seront exclues des décisions politiques après 1962.
- Le gouvernement adopte une vision conservatrice de la société, influencée par le modèle arabo-musulman, reléguant les femmes au rôle de mères et épouses.
- L’enseignement et le travail des femmes seront encouragés, mais dans les limites de la morale traditionnelle.
Indépendance : Le code de la Famille de 1984,
un recul majeur pour les droits des femmes
En 1984, l’Algérie adopte un Code de la famille inspiré de la charia qui réduit considérablement les droits des femmes.
Principaux points du Code de 1984 :
- Une tutelle masculine (« wali ») : Une femme ne peut se marier sans l’autorisation d’un tuteur masculin (père, frère ou oncle) ;
- Statut inférieur dans le mariage : L’épouse doit obéissance à son mari, le chef de famille ;
- La polygamie autorisée : Un homme peut avoir jusqu’à quatre épouses, sous certaines conditions ;
- Des divorces déséquilibrés : Un homme peut répudier sa femme sans justification, alors qu’une femme doit prouver un motif valable (violences, abandon…) ;
- La garde des enfants : La garde est généralement confiée à la mère, mais le père conserve l’autorité légale et peut la récupérer sous certaines conditions.
Ce code constitue un recul considérable pour les droits des femmes, officialisant leur statut de mineures juridiques dépendantes des hommes.
Les années 1990, la « décennie noire » et la montée de l’islamisme
Entre 1991 et 2002, l’Algérie est plongée dans une guerre civile entre le gouvernement et les groupes islamistes armés.
Une violence extrême contre les femmes
- Les islamistes considèrent les femmes non voilées comme « immorales » et les attaquent dans la rue ;
- Des centaines de femmes sont enlevées, violées et réduites en esclavage sexuel dans des camps terroristes ;
- Certaines ont été forcées d’épouser des combattants islamistes sous la menace.
Résistance des femmes et début du militantisme féministe
- Face à cette vague de violence, des groupes féministes algériens se mobilisent pour défendre leurs droits ;
- Certaines femmes prendront les armes pour rejoindre les forces de l’État contre les islamistes ;
- Les violences de cette période marquent durablement les esprits et renforcent la volonté de changement législatif.
Indépendance, Réformes et avancées après 2005
Réformes du Code de la Famille (2005)
Sous la pression des militantes et des organisations internationales, quelques réformes sont adoptées.
- Suppression de la tutelle masculine pour le mariage, mais un tuteur peut toujours être recommandé ;
- Le divorce facilité pour les femmes, qui peuvent désormais demander une séparation plus facilement ;
- Réduction des droits du mari en cas de polygamie, avec obligation d’informer et d’obtenir l’accord des épouses.
Ces réformes restent partielles et ne remettent pas totalement en cause l’inégalité homme-femme dans le droit algérien.
Loi contre les violences faites aux femmes (2015), une loi criminalise officiellement les violences conjugales et le harcèlement.
Problème : La loi permet au mari violent d’échapper aux sanctions si son épouse lui pardonne…
Une participation politique et sociale accrue
- Depuis 2012, un quota oblige les listes électorales à inclure au moins 30 % de femmes, favorisant leur présence en politique ;
- Augmentation du taux d’éducation et d’emploi chez les femmes, notamment dans les grandes villes ;
- Les femmes représentent aujourd’hui 60 % des étudiants universitaires en Algérie.
Situation actuelle et défis à relever après l’indépendance
La persistance du conservatisme
- Pression sociale forte sur les femmes pour qu’elles adoptent un comportement conforme aux normes traditionnelles (mariage, maternité, port du voile) ;
- Inégalités dans l’héritage, les femmes recevant toujours moins que les hommes selon la loi islamique.
Lutte contre les violences
- Malgré les lois récentes, les violences domestiques restent fréquentes et sont souvent sous-déclarées ;
- Les associations féministes dénoncent le manque d’application des lois et l’impunité des agresseurs.
Les libertés individuelles limitées
- Les mouvements féministes algériens sont surveillés et parfois réprimés par les autorités ;
- La question du droit des femmes à disposer de leur corps (avortement, relations hors mariage, autonomie financière) reste taboue.
Conclusion : indépendance, un progrès lent et inachevé
Depuis 1962, les femmes algériennes ont obtenu des droits et une meilleure place dans l’éducation et l’emploi, mais elles restent largement soumises à un système patriarcal et juridique inégalitaire.
DES AVANCÉES
- Accès généralisé à l’éducation et au travail ;
- Participation accrue à la politique et à la société ;
- Réformes du Code de la Famille et criminalisation des violences.
DES OBSTACLES
- Persistance des discriminations légales (héritage, mariage, divorce) ;
- Violences conjugales et manque de protection réelle ;
- Pression sociale et conservatisme religieux freinent l’émancipation.
Les luttes féministes continuent, mais les résistances sont fortes. L’évolution future de l’Algérie dépendra de l’ouverture démocratique et de la pression des nouvelles générations.
Décidément, encore une similitudes avec l’histoire de France : (Un de mes premiers souvenirs d’enfance !) À la libération de la France en 1945, nombre de Françaises ont subies des exactions. Je revois descendre la rue Marulaz (qui menait à un quartier chaud de Besançon) : des femmes rasées, nues sous la vindicte et les crachats populaires, sous prétexte (parfois seulement des rumeurs ou des règlements de compte personnels) d’avoir couché avec des soldats allemands poussées par des résistants de la dernière heure, pour être exhibées dans les rues de la ville !